Une belle exposition concluant le programme CULTUREL 2016-17 !
A l’occasion de la semaine européenne du développement durable qui s’est déroulée cette année du 30 mai au 5 juin 2017, la Clinique Saint-Roch a conjugué sociétal, culturel et artistique. Une exposition d’œuvres était proposée au grand public au sein de ce qui allait devenir quelques jours plus tard, le nouveau hall d’accueil.
Depuis plusieurs mois que le projet est lancé, nous vous informons régulièrement des principales actions menées. Nous vous présentons aujourd’hui l’aboutissement de ce projet, qui s’est traduit par une « restitution dynamique » sous forme d’exposition dans l’établissement.
Le contexte-rappels
Ces œuvres originales ont été réalisées par un groupe d’une dizaine de patients d’hôpital de jour atteints de pathologies neurologiques. Ce grand rendez-vous était en quelques sortes une finalité logique dans l’aventure culturelle de ces patients qui a commencé en octobre 2016. Le projet « l’émotion artistique et musicale pour une rééducation moderne » a été soutenu par l’ARS Nord-Pas-de-Calais et la DRAC dans le cadre de l’appel à projets « culture et santé 2016-17 » : « c’est un axe fort de la politique sociétale de l’établissement ».
Un ambitieux projet culturel
Peu d’établissement peuvent en effet se vanter d’avoir travaillé simultanément avec 4 structures culturelles du territoire. 32 visites se sont réparties d’octobre 2016 à juin 2017 entre le musée des beaux-Arts de Cambrai, le musée Matisse du Cateau-Cambrésis, le musée du Louvre-Lens et le conservatoire à rayonnement départemental de Cambrai. Concentration et stimulation. Paysages, portraits, natures mortes, art moderne ou contemporain, oriental ou occidental…sont autant de thèmes qui ont fait l’objet à chaque sortie du groupe, d’une visite guidée suivie d’un atelier de pratique (dessins, peintures, sculptures…) l’ensemble représentant 1h30 à 2h.
La musique et les instruments que certains ont découvert au conservatoire (et d’autres redécouvert) a également été source de magie, de rêve et parfois de d’émotion. A souligner aussi l’importance des nombreux thérapeutes, qui ont contribué au succès de l’opération par leurs accompagnements dynamiques et par le recueil des données comportementales individuelles de chaque patient à chaque séance.
Les indicateurs et évaluations menées montrent que les participants sont tous satisfaits de ces sorties, malgré les handicaps moteurs ou cognitifs parfois importants chez certains.
L’exposition et le vernissage
De nombreux échanges sur ce projet ont eu lieu autour d’un petit-déjeuner « aux allures de vernissage », illustré d’œuvres, de rétrospectives des séances, ponctué de souvenirs et d’émotions…
Les œuvres exposées sont celles réalisées par les patients tout au long du parcours. Les revoir a amené chez les artistes-patients en herbe de l’émotion et de la nostalgie, alors qu’on sentait chez d’autres une certaine fierté, et en tous cas chez tous beaucoup de satisfaction.
L’exposition était organisée par structure culturelle, et donc selon différents style artistiques aussi. Ainsi les couleurs vives des dessins réalisés à Matisse, s’opposaient aux œuvres architecturales, autoportraits et travaux de l’argile réalisés au Louvre-Lens. Ces derniers qui eux-mêmes se différenciaient des œuvres du musée de Cambrai, un peu imaginaires et fantastiques, et sculptures d’argile, travaux sur le tissu. Les travaux du conservatoire étaient matérialisés à la fois par un reportage photo affiché. Un clip vidéo passait aussi en boucle sur grand écran géant, (présentation d’instruments, cours de chant…).
Quelques curieux se sont souvent arrêtés devant les œuvres durant la semaine d’exposition. Mais c’est un large succès qui caractérisait le vernissage le jeudi 1er juin. Patients, familles et professionnels de santé se sont retrouvés autour d’un petit déjeuner on pourrait dire au « carrefour du bonheur et de la joie ». Un grand moment de convivialité et de plaisir partagé où bonne humeur, sourires se lisaient sur tous les visages ! On a pu noter la présence de certains médiateurs culturels (Louvre-Lens et Cambrai), la conservatrice du musée de Cambrai, et de musiciens du conservatoire. La presse locale était également présente pour rapporter les faits et quelques personnes extérieures avaient également fait le déplacement. Au total une cinquantaine de personnes se sont rendues au vernissage, un beau succès donc.
L’impact
« En ergothérapie, on vise tout ce qui est autonomie et indépendance, explique Jeanne Herent, ergothérapeute qui a accompagné les patients durant plusieurs sorties. C’était idéal pour les travaux de préhension et tout ce qui est cognitif. »
Manier des pinceaux, modeler de l’argile avec ses mains ou simplement monter dans le bus, marcher, autant de gestes et de « situations concrètes » auxquels les patients, atteints de troubles neurologiques, ont dû se confronter. « Nous, nous étions là pour amener des astuces aux patients pour régler ses difficultés, note Jeanne Herent. Pour les patients, ça peut vraiment être un plus. ».
Paulette M. est l’une des quatre ou cinq patients qui ont participé à l’ensemble des visites. Âgée de 73 ans, elle perdait la mémoire : « Je montais dans ma voiture, je faisais une paire de kilomètres et je ne me souvenais plus où j’allais ». Depuis, Paulette reprend sa voiture et arrive à bon port sans encombre.
Tous les patients-artistes présents ce jeudi matin dans le nouveau hall de la clinique, ont parlé de leur plaisir à sortir de leur quotidien entre les murs de la clinique.
« C’est nécessaire » , souffle Maurice D. arrivé en janvier 2016 suite à un AVC. « On s’enrichit et on ne pense pas qu’à nos problèmes ». À côté de lui, sur le visage de son ami Yves L. qui a encore un peu de mal à s’exprimer, on voit toute la joie que lui ont procurée ces sorties culturelles.
Si l’apport de ses visites est difficilement quantifiable, le Dr Hervé Carlier note que, lors d’entretiens, « les patients ont su argumenter sur les choses qu’ils ont aimées ou pas » et « ça, c’est intéressant, car cela montre qu’ils ont des capacités de jugement et de raisonnement ». Un pas en avant on peut donc dire pour des patients atteints de troubles neurologiques.
Les objectifs de l’initiative sont multiples : valoriser le travail du groupe de patients depuis le début du parcours, donner l’envie aux autres d’en faire autant, voire de les contaminer, et d’une manière générale favoriser l’accès des patients aux structures muséales du territoire. Pour l’établissement cette initiative répond aussi à son engagement dans la démarche ISO 26000 de responsabilité sociétale en novembre 2016.